Stomy Bugsy dans la peau d'André ALIKER...
L’ex rappeur du Ministère amer incarne à l’écran le journaliste communiste assassiné. Le film de Guy Deslauriers, sur un scénario de Patrick Chamoiseau, lève le voile sur un pan caché de l’histoire de la Martinique.
ALIKER est un film poignant qui retrace la vie du grand journaliste Martiniquais; je dirai Français André ALIKER. Le film revient donc sur "l'affaire ALIKER". Film sorti dans les salles le 03 juin 2009.
ALIKER, ce nom me dit quelque chose quand on me parle du grand poète Français Aimé CESAIRE (26 juin 1913 - 17 avril 2008)... Je pense à Pièrre ALIKER, fidèl compagne de CESAIRE. Ces deux hommes fondèrent le 28 mars 1958 le PPM (Parti progressiste martiniquais) dont le mot d'ordre est une région Martinique autonome dans un ensemble français décentralisé. Pierre ALIKER devient le vice-président du PPM, fonction qu'il occupera jusqu'au 17e congrès du parti en 2005. Pierre Aliker a été le bras droit d'Aimé Césaire à la mairie de Fort-de-France pendant plus d'un demi-siècle. Lorsqu'on lui demande les raisons de la longévité de cette collaboration, il explique que c'est parce que nous avons comme étoile polaire une citation de Karl Marx qui dit : "Il ne faut jamais permettre que l'intérêt général soit noyé dans les eaux glacées des intérêts privés".
Pierre ALIKER, comme vous devez vous en doutez, est le fils du grand journaliste André ALIKER.
Qui était donc André ALIKER ?
André ALIKER, mort à 34 ans avait compris l’importance de la presse. Et demeure un personnage moderne. Voici son portrait.
Né en 1900 au coeur de l’âge d’or du colonialisme et mort à trente-quatre ans, André Aliker est le fils d’ouvriers agricoles. C’est un personnage moderne aujourd’hui encore. Il est militant communiste du groupe Jean-Jaurès et un journaliste que la conviction de son travail pousse à se dépasser. André Aliker est l’animateur de Justice, qu’il a fondé. Il est l’homme-orchestre qui combine en lui la gérance, la rédaction, la correction et la diffusion de ce journal dans lequel il révèle ce qu’il découvre d’injustices, les dessous de sombres affaires de fraude et de corruption. Après enquête, il publie dans une édition spéciale du 11 juillet 1933 des pièces d’un dossier prouvant la culpabilité du béké
Aubéry dans une affaire de fraude fiscale.
Aubéry a soudoyé les juges de la Cour d'appel de la Martinique pour être dissous de ces fausses déclarations et impôts impayés.Victime de pressions et de menaces, André ALIKER écrit à son frère, à Paris, que sa tête est mise à prix. Il est enlevé par deux inconnus le 1er janvier 1934 et, le 11 janvier, rejeté par la mer, son corps est retrouvé sur une plage de la commune de
Schoelcher (est-ce une coïncidence ?... Corps "libéré" par la mer sur la place de la commune de Schoelcher!...). Il avait été bâillonné et ligoté avant d’être jeté à l’eau. L’enquête remonte très vite à deux émigrés saint-luciens, Moffat et Mellon, ainsi qu’à une Martiniquaise, soupçonnée d’avoir acheté la corde qui ligotait la victime. Si la femme est rapidement mise hors de cause, les deux compères seront traduits devant la cour d’assises de Bordeaux avant d’être acquittés. Rien d’autre ne viendra plus troubler les affaires du béké Aubéry. Hormis la tentative de Marcel Aliker de venger son frère en tuant le béké. Mais, au moment ultime, le pistolet s’enraye. Arrêté, Marcel Aliker sera libéré après quelques mois de prison. Le drame ALIKER a marqué, en Martinique, la métropole et des générations entières de militants de gauche....
Merci à Stomy Bugsy, l'ex-rappeur du "Ministère Amer" qui incarne à l’écran le journaliste communiste assassiné. Merci à vous pour votre rôle d'acteur hors pair ! Merci à Guy Deslauriers, le réalisateur ! Merci à Patrick Chamoiseau pour le scénariste ! Et merci à toute l'équipe de "ALIKER" et la famille ALIKER pour ce chef d'œuvre cinématographique qui lève le voile sur un pan caché de l’histoire Martinique et donc de la France !
"ALIKER", un film à voir et revoir à tout prix!!!
Je vous dis Peace and love!!!